• 1924
  • Posts
  • Le dossier Yvan Mornard

Le dossier Yvan Mornard

les revues sexus et allez chier

publiée au plus fort de la révolution tranquille, la revue sexus est peut-être le document le plus représentatif de ce qu’on a appelé « la libération sexuelle », alors qu’allez chier témoigne du pourrissement social de la fin des années 1960 dans un Québec qui vit au rythme des grèves et des manifestations, et des bombes du flq

elles sont l’oeuvre d’yvan mornard, qui nous a ouvert sa porte à l’été 2014, et parlé bien plus librement qu’il n’y aurait consenti s’il avait eu le temps d’y penser, le type était reclus depuis plus de quarante ans, après les aventures rocambolesques de ses revues qui lui ont valu de multiples saisies et procès, dont au moins un qu’il a perdu

pour ne rien dire du stigmate de pornographe qui lui collait à la peau, après son aventure contre-culturelle son nom était brûlé partout, incapable de continuer dans le monde des lettres et du journalisme, et lessivé économiquement, il a fait un cours de cuisine et a travaillé le reste de sa vie à l’institut d’hôtellerie qu’on appelle maintenant l’ithq

il vivait seul dans une de ces maisons qui bordent le parc lafontaine qu’on pouvait acheter avec un salaire dans les année 80 et qui sont maintenant revendues par sothebys, il y avait genre trois bureaux différents avec ses archives et ses livres et dans une pièce on ne trouvait qu’un téléphone à roulette, et il continuait d’écrire dans l’ombre et pour personne

et c’est ainsi qu’on l’a retrouvé d’une certaine manière, par son grand livre des privations déniché dans une librairie de seconde main qui liquidait son inventaire, des aphorismes qui feraient passer cioran pour un enfant de choeur, on était très loin de la contre-culture, mais la plume et la pensée étaient plus fermes que jamais

ainsi était yvan mornard, écrivain méconnu, pornographe condamné, anarchiste stirnérien et anticlérical forcené, bref un homme affable qui, en plus de nous raconter son histoire, nous a filé des collections complètes de ses revues et des numéros de logos qu’il avait en sa possession ; les archives de 1924 lui doivent beaucoup

(encore une fois, il faut cliquer : c’est ce qu’il y a à voir et lire)